Les compétences clés dans la démarche ECLER


La pierre angulaire des huit compétences clés identifiées par l’OCDE pour établir le socle des formations à développer pour tous les publics est la communication : Communication dans la langue maternelle pour les natifs, en langue étrangère pour ceux qui ne vivent pas dans le pays où ils sont nés.
En inscrivant la communication au cœur de la démarche d’apprentissage des compétences linguistiques ECLER (Ecrire, Communiquer, Lire, Exprimer, Réfléchir) se situe d’emblée dans le champ des deux premières compétences clés énoncées et fait depuis plus de vingt ans la preuve de son efficacité dans ce domaine. Dans les Ateliers ECLER on écrit d’abord pour communiquer aux autres un message ancré dans la vie, la culture, les préoccupations, les intérêts  de celui qui le produit. Ces textes qui servent de base à l’apprentissage de chacun, sont collectés et publiés dans le classeur collectif  où chacun peut les découvrir, y trouver des idées, des réflexions et prendre conscience de l’infinie diversité des auteurs.

Mais la communication n’est pas le seul aspect par lequel la démarche ECLER s’inscrit dans la cadre conceptuel des compétences clés. « L’esprit d’initiative et d’entreprise », 6° compétence identifiée,  est immédiatement sollicité puisqu’à ECLER nous  ne pouvons travailler qu’à partir d’une production écrite de l’apprenant. C’est lui qui a l’initiative, c’est lui qui crée la matière à partir de laquelle vont se programmer ses apprentissages linguistiques ajustés à ses besoins particuliers. La charte de l’écriture à ECLER donne un cadre à cette production.

La charte de l’écriture à ECLER

Du côté de l’apprenant :

J’écris ce que je veux, je l’assume par ma signature et je le date.
J’écris les mots comme je les vois dans ma tête, comme je les imagine, sans peur de me tromper.
J’écris pour communiquer, pour transmettre un message aux autres : j’accepte que ce que j’écris soit publié dans le classeur collectif de l’atelier, en même temps que sur mon propre cahier. Je m’engage dans mes écrits à respecter les autres, à ne pas proférer d’insultes à l’encontre de quelqu’un ou d’un groupe particulier…
J’accepte que ces écrits sortent de l’Atelier pour être montrés ou lus dans des manifestations publiques.
Exceptionnellement je peux refuser qu’un écrit produit puisse être publié, mais je me rappelle que la règle est celle de la publication : c’est parce que je mets mes écrits en circulation que je suis autorisé à lire ceux des autres.

Du côté du formateur :

A partir du moment où l’apprenant produit un écrit et me l’apporte je m’engage à travailler avec lui sur la forme (orthographe, grammaire, organisation de la phrase) pour que son texte devienne recevable dans une langue française standard.
J’accuse réception du message en tant que personne : je peux me réjouir d’une bonne nouvelle, compatir à une mauvaise. Je peux prendre connaissance d’une opinion et prendre position par rapport à elle. Je peux dire à une personne que son texte me touche ou que je le trouve beau…
Au-delà de cet accusé de réception nous travaillons ensemble sur ce qui constitue le cœur de notre contrat : la mise en forme du texte et sa correction par rapport à la norme. 
Si un texte est jugé par le formateur insultant pour une personne ou une catégorie de personnes, irrespectueux, irrecevable pour les opinions qu’il exprime, il peut décider de ne pas le publier dans le classeur collectif, contre l’avis même de son auteur si nécessaire. Rappelons-nous cependant qu’un texte qui peut être estimé provocateur, voire choquant par son contenu peut donner lieu à un débat salutaire entre les apprenants, voire nourrir la production d’écrits en alimentant le débat par textes interposés.
Document ECLER


« Apprendre à apprendre », 5° compétence identifiée par l’OCDE est au cœur de la dynamique ECLER : la démarche offre un cadre sécurisant à l’intérieur duquel chaque apprenant évolue de manière très autonome en organisant lui-même son temps et ses activités en fonction d’une programmation établie avec le formateur. Ce dernier met ses pas dans les pas du premier et lui propose une progression ajustée à ses besoins : c’est ensuite lui qui est responsable de la mettre en œuvre dans une séquence de tâches variées qui l’amènent à intégrer les règles du fonctionnement de la langue pour se les approprier. Au terme de la formation ils emportent avec eux cette démarche qu’ils peuvent être capables de reproduire en dehors du contexte de la formation.

« La compétence numérique », 4° compétence de l’OCDE est depuis l’origine intégrée à la démarche dans la mesure où l’informatique a tout de suite trouvé sa place à ECLER comme un outil de travail quotidien. D’abord sous la forme du traitement de texte qui permet à partir du premier jet retravaillé avec le formateur de produire un texte « normalisé », sans erreur, publiable dans le classeur collectif.
Par ailleurs l’informatique a mis à notre disposition des logiciels d’apprentissage adaptés à l’esprit de notre démarche et qui sont largement utilisés.
Par cette utilisation quotidienne les apprenants se familiarisent avec l’ordinateur qui devient un outil « apprivoisé », qui ne fait plus peur et peuvent, au-delà, partir à la découverte d’autres potentialités de ces machines : messagerie, internet…


« La sensibilité et l’expression culturelles » 8° compétence clé, sont tout à fait présentes à ECLER dans la mesure où les textes produits reflètent l’identité de leurs auteurs. Nous avions intitulés le recueil des textes constitué à l’occasion des 10 ans d’ECLER en 1998 « Brins d’écrits, couleurs de vies », tant il est vrai que ces écrits sont riches de spontanéité, d’images, d’émotions qui font de chacun une création originale à travers laquelle se découvre la personnalité et la culture personnelle de celui ou de celle qui les produit.
Par ailleurs ces écrits personnels sont un pont, une passerelle qui conduit vers l’écriture des autres : occasion de s’intéresser aux livres, revues, journaux, aux auteurs et d’organiser des sessions de travail en bibliothèque avec les professionnels du livre…

Enfin les « compétences sociales et civiques » 7° compétence identifiée, ne sont pas oubliées. Démarche individualisée mais enrichie par le groupe qui est le premier lieu de socialisation des écrits. A travers les textes s’instaure un courant d’échanges très riches qui favorise des discussions et des débats, partie intégrante de la démarche. Les apports du groupe nourrissent et stimulent le travail de chacun.
Par ses productions originales chacun découvre sa propre singularité sous le regard des autres, prend confiance en lui et prend du « pouvoir » sur sa vie et son environnement. Les changements de « posture  personnelle » que l’on peut observer chez les apprenants ne sont pas le moindre des effets produits par la dynamique de l’écriture personnelle.

Noël Ferrand 

        

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